A bout de souffle

Le soleil a cessé de se lever depuis longtemps déjà. Des journées toujours avec la même couleur. Toujours avec la même rengaine. Je suis dans le noir et dans le vide complet. Au bout de ce tunnel, il n'y a qu'un rayon de désespoir. Triste réalité. J'abandonne, avant la fin. Puisque lutter contre soi-même n'est pas une vie. Une lutte interminable, épuisante chaque jour, corps et âme déjà meurtris par le temps. Il fait si froid, mon coeur se glace. Je n'ai plus la perception de mes actes, mais je m'en moque de savoir ce qu'il y a au-delàs. Et si c'est pire qu'aujourd'hui je doute que ce soit possible, je me tuerai une nouvelle fois.  Je veux simplement la paix. Le repos. OFF.
Ma vie est un cauchemar, ce qui explique le fait que je ne dorme pas. Je rêve éveillée, c'est sûrement pour ça que j'ai perdu la notion du réel. Je prie pour me réveiller, et que tout ça n'est jamais eu lieu. Ce n'est simplement pas possible...

Je suis fatiguée, tellement fatiguée de chercher à savoir qui je suis. Il me semble que je ne suis qu'une ébauche ratée que n'importe quel artiste aurait jetée. Je crois tout simplement que je suis à bout. A bout d'amour. A bout de haine. A bout de moi. A bout du monde. A bout de tout.

Je m'exprime comme un pied ce soir. Je ne suis plus bonne à rien...
Je pars m'endormir. Le coeur lourd. Le coeur en peine.

"Et elle considérait sa vie, ces 17 ans de vie, et n'avait pas envie de pousser plus loin sa quête. Sa vie tenait tout entière dans ses 17 ans et le mot FIN n'en pouvait être que la mort. "
J'ai 13ans et je vais me tuer de Othilie Bailly

Comments

[melisse08]

Lâche prise, cesse de rechercher perpétuellement et uniquement qui tu es, repose toi... Ce que tu dois abandonner, avant tout, c'est cette lutte contre toi-même. Evidemment, je sais bien que ce n'est pas si facile à faire que cela. L'idée est de se laisser aller, de perdre le contrôle, des idées, de l'esprit donc, mais aussi du corps. Et bien sûr cela va ensemble. Tout contrôler est épuisant, d'ailleurs tu t'épuises... J'aimerais te donner davantage de conseils, mais c'est difficile, je ne sais pas comment tu vas les prendre, ni s'ils seront adaptés. Chaque histoire est différente et complexe.
Je vais tenter de répondre à tes questions. J'ai commencé à me rendre compte que je pouvais vomir sur commande et que c'était très pratique pour garder la ligne vers 17 ans. Mais ce n'était pas de la boulimie, je n'étais pas dépendante de la nourriture, ni des crises. Les vomissements se sont toutefois multipliés, en cachette, dans l'objectif d'un contrôle de mon poids, d'un amincissement même (et sans privations, moi qui suis gourmande, c'était vraiment pratique). Tout a dégénéré lorsque j'ai emménagé seule dans un studio pour mes études. J'avais 18 ans. Et je suis devenue boulimique. Je mangeais jusqu'à en avoir mal au ventre, comme s'il allait éclater et je vomissais jusqu'à ce que je sois entièrement vidée. Je pouvais recommencer l'opération plusieurs fois par jour, et même errer dans une ville le dimanche en quête d'une épicerie ouverte, boulangerie, McDo... J'ai vécu seule trois ans, trois années de boulimie intense. Plus deux années supplémentaires durant lesquelles les crises étaient plus espacées (car je vivais avec quelqu'un qui ignorait pratiquement tout). Je ne crois pas avoir été vraiment dépressive, mais très fatiguée, triste, désemparée et angoissée. Malgré tout, je continuais à sortir et à faire la fête. Je sauvais les apparences, l'envers du décor était pitoyable. Je n'en parlais à personne. C'est la rencontre avec mon actuel chéri qui m'a sauvée, j'ai décidé de lui avouer mon terrible secret et de donner une chance à une relation sincère, sans mensonges. Je n'avais plus envie de mentir. Je n'ai jamais vu de psy.
Sinon, après une seconde plutôt littéraire (3e langue italien) et malgré de très bonnes notes en français, on m'a conseillé de faire un bac S. Comme j'étais bien sage et obéissante, c'est ce que je fais mais cela ne m'a pas empêchée de devenir journaliste. Voilà tu sais maintenant beaucoup de mon histoire. J'espère vraiment que cela pourra t'aider.
Bonne nuit
Et n'hésite pas à me poser d'autres questions, je ferai de mon mieux pour y répondre.

[sandrine]

Un conseil : tu connais E-E Schmitt? Ma vie avec mozart : son autobiographie et il exprime qu'à notre âge lui aussi voulait se suicider...

Tu ne t'exprimes pas comme un pied, parole de littéraire confirmée qui a été à l'époque quand même jusqu'aux demi-finales des dicos d'or... bon, je sais, ce n'est pas terrible, j'avais bon à la dictée mais pas à la culture générale mdr

Bisous et tu vaux la peine de vivre !!! Ne remets pas ta vie en cause, surtout pas...